jeudi 27 mars 2008

Maurice sous le choc

Torrents… de panique (1)


A Mon-Gout, les cannes servent à se raccrocher pour ne pas se noyer.















Les conducteurs se demandent s’ils peuvent passer, à Constance.

























Pieds dans l’eau et tête sous le parapluie chante cette famille de Gokoola.

Torrents… de panique (2)


Une voiture prise dans les flots de la Rivière-Citronà Mon-Gout.




















Les eaux s’engoufrent dans cette tabagie de Pont-Blanc.


















Une autre voiture que son propriétaire ne peut bouger à Mon-Gout.


Torrents… de panique (3)

L’école publique de Brisée-Verdière, complètement noyée.


















La même voiture que sur la photo 4, mais après la crue.
















Ce policier porte le sac de Laura Paul, morte hier.

Torrents… de panique (4)


Pas facile d’aller faire ses courses au Jumbo de Riche-Terre...





















Les maisons ont connu autant d’avaries que les voitures à Mon-Gout.


























Un bateau en difficulté à Grand-Baie.

orrents… de panique (5)


L’uniforme de ces élèves en a pris un sacré coup à Rivière-du-Rempart !





































«L’express» a été victime des eaux à Mon-Gout, d’où la mauvaise qualité de certaines photos. Le journaliste qui est tombé à l’eau avec son appareil a cependant pu immortaliser un sauvetage (en haut).

Torrents… de panique (6)


Une personne de Mon-Gout est transportée pour l’hôpital.

















Des sauveteurs de la SMF à la recherche des corps dans la Rivière-Citron.
















Des enfants attristés par l’état de leur maison.

PHOTOS COURTESY LEXPRESS



Marlène et Steven Catapermal sont inconsolables. Ils ont perdu tout espoir de retrouver Rudy.*
Marlène et Steven Catapermal sont inconsolables. Ils ont perdu tout espoir de retrouver Rudy.*

A Flacq : deux jeunes portés disparus

«C’est le destin et personne ne peut le changer.» Renaud, le père de Rudy Catapermal, est fataliste. Rudy, un maçon de 25 ans, est porté disparu depuis hier, 16 h 30. Il a été emporté par le torrent, à quelques mètres de sa maison, à la cité Saint- Rémy, Flacq. Malgré l’intervention des forces vives ainsi que certains des amis du jeune homme, il demeure introuvable.

Hier, vers 16 heures, Rudy prévient sa mère, Marlène, qu’il aide certains habitants de la localité à abattre un mur pour faciliter le mouvement de l’eau. Malgré les supplications de sa mère de ne pas sortir car les routes sont impraticables, il s’entête. Et en compagnie de son jeune frère, Steven, 15 ans, il sort rejoindre cinq autres jeunes.


Emporté par les torrents

Par curiosité, ils décident de faire un tour dans la région de Flacq, histoire de voir l’ampleur des dégâts. Bien mal leur en a pris. Car arrivés à un pont à Constance, c’est le drame. De violents torrents emportent Rudy Catapermal sous les yeux horrifiés de Steven et de ses amis.

Le drame a failli être double. Car Steven, pour sauver son frère, tente de se jeter à l’eau. Des passants l’en empêchent. le jeune garçon court chez lui pour prévenir sa mère et rassembler des amis pour aller à la recherche de Rudy. En vain.

La fiancée de Rudy Catapermal est alertée par les proches du disparu. Cette dernière, Christelle Barry, 24 ans, se rend chez Rudy, où c’est la consternation. Rudy est issu d’une famille de six enfants dont trois sœurs.

Autre disparition signalée: Un jeune homme de 18 ans, Fabrice Aza a été emporté par les eaux.


Une rivière en crue fait deux morts à Mon-Gout[27 Mar 2008]
Deux morts.
C’est le bilan à Mon-Gout, après les pluies torrentielles d’hier.

Les deux victimes, Laura Paul, 13 ans, et Jaymanee Ragoo, 59 ans, ont été emportées par les eaux, non loin de leurs domiciles respectifs. Les flots les ont prises à leur descente de l’autobus Le frère aîné de Laura, Alexandre, a lui aussi été emporté par la rivière en crue, mais il a été repêché sain et sauf peu après, par les habitants de la localité, venus lui porter secours. Toutefois, il a été admis à l’hôpital en début de soirée, car il souffrait de douleurs à l’estomac après avoir avalé de l’eau boueuse. Alexandre ne savait quoi nous dire hier, quelques minutes après que sa sœur ait disparu. Debout sous la pluie, il nous explique les circonstances qui ont précédé la disparition de Laura et de Jaymanee Ragoo, aussi connue comme Vinoda. Il rentrait du collège, avec sa sœur, qui fréquente le même établissement. Descendus de l’autobus en même temps que plusieurs autres passagers, les deux jeunes, ainsi que Jaymanee Ragoo, se dirigent vers leurs maisons. Laura et Alexandre habitent à une cinquantaine de mètres de l’arrêt d’autobus, mais pour rentrer, ils doivent traverser le pont du village. Sous le regard impuissant des habitants, Jaymanee Ragoo, Laura Paul et son frère sont emportés par le courant, alors qu’ils tentent de traverser le pont. Une jeune écolière, encore sous le choc, raconte qu’elle a vu trois personnes être emportées par les flots. Drame humain C’est vers 13 heures que Jaymanee Ragoo et Laura Paul ont été prises par la rivière. Alexandre sera sauvé quelques minutes plus tard. Laura sera, elle, repêchée quelques heures après, et emmenée d’urgence à l’hôpital du Nord. Elle rendra l’âme vers 18 heures, à l’hôpital du Nord. C’est aujourd’hui que la jeune fille sera inhumée. Jaymanee Ragoo, noyée, sera retrouvée par les sauveteurs, quelques minutes après le décès de Laura Paul. A Mon-Gout, les habitants se battaient contre les éléments. Les villageois, solidaires, tentaient comme ils pouvaient de sauver les leurs de la rivière, incontrôlable. Se servant de cordes, et à la force de leurs bras, ils organisaient la traversée du pont pour tous ceux cherchant à se réfugier. Une habitante, Shantikumaree Jogaheer, vivant dans une maison en tôle, a vu son domicile emporté. Elle sera secourue après avoir passé plusieurs heures sous une pluie battante, accrochée à un arbre. Certains habitants nous ont parlé de plusieurs personnes, emportées par la rivière. On nous montrait aussi un 4x4, qui avait atterri dans la rivière. Les trois occupants ont été sauvés. D’autres résidents pestaient contre les autorités, qu’ils jugent avoir pris trop de temps à réagir. «Si pa ti ena lekol, pa ti pou ena problem.» Le chaos ambiant a exacerbé la colère des habitants, moralement et physiquement épuisés. La rivière recouvrait le pont, à tel point qu’il était presque impossible de dire où elle s’arrêtait et où se trouvait le chemin. La route menant à Mon-Gout était elle aussi inondée, rendant difficile le trajet des secours vers ce village, dans la région de Pamplemousses. Vincent POTAGE
A Flacq : deux jeunes portés disparus «C’est le destin et personne ne peut le changer.» Renaud, le père de Rudy Catapermal, est fataliste. Rudy, un maçon de 25 ans, est porté disparu depuis hier, 16 h 30. Il a été emporté par le torrent, à quelques mètres de sa maison, à la cité Saint- Rémy, Flacq. Malgré l’intervention des forces vives ainsi que certains des amis du jeune homme, il demeure introuvable. Hier, vers 16 heures, Rudy prévient sa mère, Marlène, qu’il aide certains habitants de la localité à abattre un mur pour faciliter le mouvement de l’eau. Malgré les supplications de sa mère de ne pas sortir car les routes sont impraticables, il s’entête. Et en compagnie de son jeune frère, Steven, 15 ans, il sort rejoindre cinq autres jeunes. Emporté par les torrents Par curiosité, ils décident de faire un tour dans la région de Flacq, histoire de voir l’ampleur des dégâts. Bien mal leur en a pris. Car arrivés à un pont à Constance, c’est le drame. De violents torrents emportent Rudy Catapermal sous les yeux horrifiés de Steven et de ses amis. Le drame a failli être double. Car Steven, pour sauver son frère, tente de se jeter à l’eau. Des passants l’en empêchent. le jeune garçon court chez lui pour prévenir sa mère et rassembler des amis pour aller à la recherche de Rudy. En vain. La fiancée de Rudy Catapermal est alertée par les proches du disparu. Cette dernière, Christelle Barry, 24 ans, se rend chez Rudy, où c’est la consternation. Rudy est issu d’une famille de six enfants dont trois sœurs. Autre disparition signalée: Un jeune homme de 18 ans, Fabrice Aza a été emporté par les eaux. Jonathan RAJARAM
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LEXPRESS

mercredi 5 mars 2008

Patriote ou pas, telle est la question…
[05 Mar 2008]

«Glory to thee, Motherland O motherland of mine, Sweet is thy beauty, sweet is thy fragrance…» L’hymne national, Sylviola le connaît par cœur. En anglais mais également en français. C’est que malgré son jeune âge, tout juste 13 ans, la jeune fille a une longue expérience de cet hymne. Car comme tous les enfants mauriciens, dès le préscolaire, on le lui a enseigné.

Ce qu’on lui a dit aussi, c’est que le 12 mars prochain, le pays célébrera ses 40 ans d’indépendance et qu’être un pays indépendant, c’est «important». Important d’accord, mais pourquoi ? Ça, par contre, elle ne le sait pas. Et elle n’est pas la seule dans ce cas-là…

Dans quelques jours, le pays célébrera ses 40 ans d’indépendance. Une grande célébration nationale sera organisée au Champ-de-Mars. Comme «la première fois», il y a 39 ans. Aboobakar Moossa s’en souvient. A l’époque, il était planton au bureau du Premier ministre. «C’est moi qui distribuais les invitations pour les célébrations», raconte Aboobakar. S’il habite aujourd’hui «à côté» du Champ-de-Mars, il n’a pas pour autant l’intention d’assister aux célébrations de cette année. «Ene fet koman ti ena sa fwa la, pa pou ena ankor sa», soutient le vieil homme. Et ce malgré les promesses faites par le ministre des Arts et de la Culture : que ceux qui rateront cette fête «pou ratt boku dan zot lavi».

Et pourtant, l’homme se dit «patriote». Mais est-ce faire preuve d’antipatriotisme que de ne pas se rendre à ces fêtes organisées à grands frais pour «célébrer» l’Indépendance ? Et est-ce vraiment les patriotes qui se déplacent ou bien ceux qui le font profitent-ils tout simplement d’une fête gratuite ? Pour Aboobakar Moossa, participer à un de ces «tam tam», ce n’est pas être patriote. Loin de là. Lui, qui a connu cette «lutte» pour l’Indépendance, la célébrera chez lui. Tranquillement. Aboobakar a bien l’intention de faire flotter le quadricolore sur sa terrasse. Car de l’Indépendance de son pays, il en est fier. Mais il ne fera rien de plus. Pour ce retraité, célébrer l’Indépendance ne se limite pas à «fêter». «Aujourd’hui, les jeunes ne sont pas patriotes. Quelques jours avant le 12 mars, vous les voyez s’activer pour les préparatifs et après ? Zot fer li pou ene lamizman plis ki par patriotism», déplore le vieil homme.

Joanne, la petite vingtaine, vendeuse de vêtements, partage également cet avis. Tant sur les fêtes que sur le patriotisme. «L’Indépendance ? Cela ne représente absolument rien pour moi. Ou à part peut-être un jour de congé. Ces fêtes-là, cela ne m’intéresse pas. On dépense de l’argent pour rien», s’insurge la jeune femme. Mais peut-on passer sous silence l’Indépendance ? «Non. Bien sûr que non. Il faudrait tout simplement faire davantage dans la simplicité. Marquer le coup mais avec sobriété», précise Joanne. Une sobriété que Dhiraj Rawa, agent de sécurité, compte illustrer en faisant flotter le quadricolore sur sa terrasse. «Nous le faisons chaque année. C’est une tradition pour montrer à tout le monde que nous aimons notre pays. Que nous sommes patriotes», explique Dhiraj. Deux semaines durant, il affichera son patriotisme…


Chanson à la mode

Patriote, Divya Goodary dit l’être également. Et le 11 mars, quand se fera le lever du drapeau dans les maternelles, écoles et collèges du pays, est-ce que Divya ira au collège ou imitera-t-elle bon nombre de collégiens et restera-t-elle à la maison ce jour-là ? «Certainement pas.»

Contrairement à ses camarades de classe, la jeune fille de 16 ans a bien l’intention de se rendre au collège, mardi prochain. «C’est important de célébrer l’Indépendance. C’est une fierté pour le pays», soutient Divya qui, samedi, chantera à la fête organisée par le Conseil de district du nord à Goodlands. Pas l’hymne national, non. Une chanson plus à la mode. Une chanson de la chanteuse française, Nadiya.

Ces jeunes qui délaissent la cérémonie du 11 mars dans les écoles pensant que «ce n’est pas important», sa mère, Indurani, professeur dans un collège de Goodlands, y est confrontée chaque année. Ce qui ne fait que conforter son impression que les jeunes ne sont «pas tellement patriotes».

«Pour pouvoir appartenir à un pays, il faut que tout le monde soit uni. Au collège, je vois que les hindous s’asseyent d’un côté, les catholiques d’un autre. Déjà à l’adolescence, les jeunes sont divisés. Chacun a tendance à se dire que ce n’est pas son pays mais le pays de l’autre. Cela m’inquiète. S’ils réagissent de cette façon, comment vont-ils diriger le pays ? Il faudrait les amener à aimer le pays et à se respecter mutuellement !»

Un long chemin à parcourir…

Valérie OLLA