samedi 19 mai 2007


Sous le vernis, un musée…[18 May 2007]
C’est froid, c’est vide,
c’est excentré.
Voisines des champs,
les pierres du Millenium Monument crient à la face du millénaire dans l’indifférence générale. Faites le test autour de vous. Qui l’a déjà visité ? Qui s’est déplacé pour voir ce monument à l’esthétisme douteux ? Et si ce n’est pas un musée mais “juste un lieu de visite”, comme dit Sunil Nosib, officer in charge du Mauritius Museums Council (MMC), sa simple existence est comptabilisée dans les Rs 12 millions du budget de fonctionnement du MMC pour la présente année financière. Une année marquée par la Journée internationale des musées, célébrée aujourd’hui. Plus flou, le cas d’un autre bâtiment en pierre, le musée de la police à Vacoas. Actuellement fermé, il a servi pendant un temps de lieu de répétition de l’orchestre de la police. Si ce n’est plus le cas, il a été question de transférer sa gestion au MMC. “Jusqu’à l’heure il n’y a rien d’officiel”, précise Gorah Beebeejaun, président du conseil d’administration du MMC. Notre patrimoine visible lui, celui qui a été empaillé ou mis sous une couche de vernis, est conservé dans deux musées nationaux : celui de Port-Louis, consacré à l’histoire naturelle, et celui de Mahébourg orienté vers l’histoire. Le MMC a aussi à sa charge quatre musées spécialisés : le Fort Frederick Hendrik à Vieux Grand-Port (vestiges du passage des Hollandais chez nous), La Nef ( maison du poète Robert Edward Hart, qui, précision utile, n’a eu que du sel sur les vitres suite au récent raz-de-marée). Également sur la liste : le SSR Memorial Museum à la rue Desforges à Port-Louis et le Sookdeo Bissoondoyal Memorial à Tyack. Le Folk Museum du Mahatma Gandhi Institute et le musée de la poste, qui ont chacun son budget, sont aussi sous l’ombrelle du MMC. Ces lieux sont-ils fréquentés ? Si des regards blasés sont tentés de conclure hâtivement que les visiteurs se comptent par poignées, les chiffres racontent une toute autre histoire. Ils varient de 6 300 à 8 000 visiteurs entre juillet et septembre 2006 à Port-Louis, de 2 800 à 5 000 entre octobre et juillet 2006 à Mahébourg. “C’est nettement mieux que nos prévisions”, explique Sunil Nosib. Les relevés montrent que le moins fréquenté des quatre musées spécialisés est celui de Tyack. N’allez pas croire que ce sont les touristes qui font le plus gros du contingent des visiteurs. “Sur 8 000 visiteurs, 2 000 étaient des touristes”, dit Sunil Nosib. Le reste étant composé, pour une bonne part, d’écoliers et de collégiens. Qu’y voit-on ? Le budget de fonctionnement est clair : il ne prévoit pas de sommes fixes pour les acquisitions. Ce qui explique la relative stagnation des objets exposés. Des collections qui parfois n’ont pas bougé depuis des décennies. “Nous comptons beaucoup sur les donations.” Dernière en date, celle d’aujourd’hui. Il s’agit d’un piano utilisé lors des messes à l’époque de la présence de la Royal Navy. Le hic, c’est qu’à cause de sa taille et de son poids, le piano ne pourra grimper l’escalier en colimaçon du musée de Mahébourg, pour aller garnir la salle consacrée à la période anglaise. Il restera donc aux côtés de Mahé de La Bourdonnais dans la salle française. S’agissant des rénovations, la précédente, à Mahébourg, remonte à 2006, quand le toit a été refait. Les travaux exécutés en l’an 2000 étaient plus fouillés. A cette occasion, 80 œuvres et documents concernant l’esclavage et l’engagisme, ainsi que des documents sur Rodrigues ont été introduits. Depuis, le projet de Conservation Laboratory, de Museum Shop et de cafétéria sont en attente, faute de financement. A Port-Louis, la rénovation de la première salle, celle du dodo, est en cours depuis le début du mois. Il s’agit de retaper le mur et les présentoirs, pas de toucher à la collection elle-même. Cela durera jusqu’en septembre. La dernière couche de peinture à Port-Louis a coïncidé avec la tenue de la Triennale d’art contemporain en décembre 2005.
Aline GROËME-HARMON
Plus d’infos avec l'express

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