Nation “zougader”

[18 May 2007]
Rs 750 millions. C’est la somme que brassent mensuellement les maisons de jeux et casinos du pays, soit Rs 9 milliards par an. Chez les bookmakers du Champ-de-Mars, c’est Rs 90 millions de chiffre d’affaires en moyenne pour chaque journée de course; Rs 7 millions pour les paris par téléphone et environ Rs 30 millions pour le tote. Epoustouflants, ces chiffres liés au jeu à Maurice, des estimations du Gaming Board. Si une bonne partie des mises dans les casinos vient d’une clientèle touristique, il n’en demeure pas moins que le Mauricien est un “zougader” invétéré. Uniquement pour les courses, le Gaming Board a collecté Rs 321,3 millions l’année dernière pour les 30 journées. Cela comprend des frais pour la licence, des “betting duties” et de “betting taxes”. La “betting tax” qui représente 8 % du chiffre d’affaires des bookmakers a rapporté environ Rs 185 millions pour la saison 2006. “Les casinos ont rapporté Rs 50 millions en termes de taxes au gouvernement l’année dernière” A cela, il faut ajouter la loterie verte, qui a un tirage mensuel, et à laquelle les Mauriciens consacrent Rs 30 millions en moyenne par mois(voir hors texte), mais aussi d’autres petites loteries et les “pools”. Les loteries Poupard, Merven et Henry réalisent des chiffres d’affaires de Rs 4,7 millions. Et des chiffres d’affaires de Rs 1,5 million par semaine sont réalisés par les organisateurs des pools, toujours selon les estimations du Gaming Board. Avec de telles sommes – n’oublions pas les paris illégaux, notamment sur les matchs de football européens – il est estimé que quelque Rs 15 milliards changent de mains chaque année dans le monde des jeux. Les casinos ont ainsi rapporté Rs 50 millions en termes de taxes au gouvernement l’année dernière – l’état contrôlant et percevant une taxe sur tous les jeux de hasard organisés à Maurice. Il y actuellement six casinos dans le pays (du type casino de Curepipe ou du Caudan), 16 maisons de jeux détenant un permis A (à l’image de Ti Vegas à Quatre Bornes ou l’établissement de la Chaussée à Port-Louis, 16 autres maisons de jeux avec un permis B et dans lesquels on joue au “Van Lak” et 18 maisons de jeux où l’on joue au “Mah Jong ” et autres jeu de hasard du même genre. Au total, ce sont donc 1 500 machines à sous qui sont à la disposition des joueurs à travers le pays. Il y a par ailleurs des “Video Games Houses” qui accueillent une clientèle d’adolescents adeptes de jeux vidéos. Et ce qui inquiète le Gaming Board, outre la prolifération de ce type d’établissement, c’est le fait que certains gérants ont transformé certains des appareils pour permettre aux joueurs de parier sur l’issue d’une partie ! Aucune loi ne s’y opposant, le Gaming Board se retrouvait jusqu’à présent impuissant face à ce phénomène. C’est le projet de loi présenté mardi dernier au Parlement qui lui donnera les pouvoirs nécessaires pour mettre un frein à cette pratique somme toute dangereuse pour les mineurs. Car à côté il n’y a que peu d’espoir de freiner l’ouverture des maisons de jeux à travers le pays, y compris dans les villages. Et ce, malgré les protestations des organisations socioculturelles (dont le Sanatan Dharma Temples Federation) contre cette prolifération considérée par certains comme “malsaine”. En effet, le 30 mai de l’année dernière, le ministre des Finances, Rama Sithanen, disait un non catégorique à la demande d’un député de la majorité pour la fermeture des maisons de jeux ou l’arrêt total de l’octroi de permis de d’opération à ce type d’établissement. Raison invoquée par le ministre : “Empêcher les établissements de jeu d’opérer plongera le secteur dans l’illégalité.” Il devait aussi souligner que selon les réglementations actuelles, un village de plus de 10 000 adultes peut abriter un maximum de deux maisons de jeux en plus d’un casino.
Raj JUGERNAUTH
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